vendredi 18 novembre 2011

Let’s fall for the Fall

Chers tous,

Autant la régularité avec laquelle les articles sont postés sur ce blog a quelque peu laissé à désirer ces derniers temps, autant le cycle des saisons à New York est 100% fiable. Et après l’été vient toujours l’automne, aussi sûrement que le pumpkin spice latte débarque chez Starbucks et que les WASP du Upper East Side bannissent le blanc de leur garde-robe (parce qu’au cas où vous n’étiez pas au courant, ça ne se fait pas de porter la couleur virginale passée la date fatidique du Labor Day, début Septembre !) Entre parenthèses : C’est une règle que je ne suis certainement pas, mais qui a quand même du bon sens quand y songe. Porter du blanc des pieds à la tête en plein blizzard doit être aussi distingué que mon chien Snoopy découvrant la neige pour la première fois de sa vie… le contraste pelage jauni sur blanc immaculé n’étant pas du meilleur goût !

Et l’automne ("Fall" en VO) est une saison que les New Yorkais, moi y compris, apprécient tout particulièrement…

- Mais attention, comme dirait ma meilleure amie New Yorkaise, l’automne est une saison-traître, le calme avant la tempête… de neige, donc. Il faut être bien préparé(e) météorologiquement. Depuis que je vis sur la côte Est des États-Unis, je n’ai jamais réellement investi dans un vrai manteau d’hiver. Certes, j’ai toujours été plus chic que les Canadiens (?) de passage par chez nous qui arborent des doudounes extra matelassées et extra longues (il n’y a que le bonnet, les gants et les moonboots qui dépassent), mais je reste une frileuse pathologique. C’est la raison pour laquelle cette année je me suis lancée à la recherche d’un intermédiaire correct entre la cape élégante qui laisse s’engouffrer l’air glacial comme dans les voiles d’un bateau et le sac de couchage sur pâtes. Après une visite infructueuse aux magasins de déstockage de Woodbury Common dans le New Jersey et un passage au peigne fin des rayons de l’étage du grand magasin Macy’s entièrement consacré aux manteaux, sans succès, alléluia ! j’ai trouvé mon bonheur chez Urban Outfitters. Je suis désormais l’heureuse propriétaire d’un manteau raisonnablement fashion, conçu pour protéger du froid efficacement, et qui rentrait dans mon budget. Alors rira bien qui rira le dernier… quand la première tempête de neige de l’année s’est abattue sur nous, le weekend d’Halloween (!!!), j’étais bien couverte et pouvais même prétendre être déguisée en petit chaperon rouge. Ma colocataire californienne au sang chaud, quant-à-elle, se baladait en costume de pin-up version années 1990 : elle incarnait le personnage de Kelly dans la série TV Sauvés par le gong ! Je déteste cet exhibitionnisme trash que les Américaines majeures et vaccinées ont mis à l’honneur pour Halloween, alors qu’il s’agit d’une fête principalement destinée aux enfants ! Heureusement pour elle, ma coloc en question a les cheveux très longs, car il n’y avait à peu près que ça qui pouvait la protéger contre la neige !

- Un autre moyen de combattre les premiers frimas de saison est de s’inspirer de la liste que le magazine Time Out New York publie tous les ans à la même époque : les meilleurs endroits pour boire un verre ou manger au coin d’un authentique feu de bois ! Un luxe dans un pays les cheminées à flammes à gaz (complètement aseptisées, avec fausses bûches, sans fumée, ni odeur) font fureur dans les maisons de banlieue.

- L’automne new yorkais est également marqué par un phénomène qui prend parfois des proportions ridicules : la "pumpkin mania". Dame citrouille fait son apparition début Octobre sur les marches des brownstones de Manhattan et de Brooklyn. Or ici il est plus probable d’avoir accès à un rooftop qu’à un jardin, ce qui n’est pas très propice à l’élevage des cucurbitacées, d’où l’invention géniale des pumpkin patches, en gros des champs de citrouilles ouverts au public en automne par les fermiers du coin, qui se font ainsi des rentrées d’argent supplémentaires. Les citrouilles sont ensuite éventrées, défigurées et illuminées afin de devenir des Jack-o'-lanterns juste à temps pour Halloween. Ce qui est un peu navrant c’est que certains New Yorkais ne font pas la connexion entre la chaire de la citrouille récoltée, pourtant si facile à cuisiner, et la citrouille en boîte. (Je soupçonne même certains d’être convaincus que la citrouille est naturellement parfumée à la cannelle, clous de girofle, noix de muscade, gingembre etc.) Ce qui rend l’effet d’annonce de mon supermarché préféré aberrant: ainsi, on y vend de la purée de citrouille bio en conserve en édition limitée pendant trois mois de l’année, comme s’il y avait une saison pour des produits qui ne se périmeront pourtant pas avant au mois 2013 ! Arrivé début Novembre, la citrouille est devenue omniprésente et sous des formes parfois très surprenantes : glace à la citrouille, pâtes à la citrouille, cheesecake à la citrouille, soupe à la citrouille, muffin à la citrouille, bière à la citrouille! Je crois que le pompon a été quand ma coloc m’a annoncé qu’elle revenait d’un dîner chez des amis sur le thème de… la citrouille (vous aviez deviné !), et que sa contribution avait été une préparation de "pumpkin hummus". Du coup, même pour moi qui suis fan… pas sûr que je sois d’humeur à engloutir la traditionnelle pumpkin pie de Thanksgiving, parce que d’ici fin du mois de Novembre, on aura déjà frôlé l’overdose !

- D’autres produits frais de saison font aussi leur apparition en automne, et quand les restaurants de New York se mettent à la page, il faut sauter sur l’occasion et commander le special ("plat du jour" en VF). Ainsi j’ai dégusté un excellent brunch chez le bien-nommé Good Restaurant dans le West Village: une omelette aux champignons chanterelles, courge caramélisée, éclats de châtaignes et brie. Et avant cela je m’étais ouvert l’appétit avec une tranche de cake à la citrouille, what else ?

- Une autre exclusivité gastronomique de la saison est la cranberry, une baie appelée canneberge en France, et à la saveur toute particulière ("tart" en Anglais). Un fruit génial quand il est bien cuisiné mais qui malheureusement n’est apprécié ici que pour deux raisons principales : en gelée rose fuchsia tremblotante pour accompagner l’incontournable dinde rôtie de Thanksgiving (un oiseau assez fadasse il faut bien le dire), ou en gélule pour prévenir les infections urinaires ! Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai plusieurs obsessions fruitières: en juin la rhubarbe me picote, en juillet la cerise m’éclate, en août la figue me comble, en septembre la marionberry (omniprésentes lors de ma dernière visite à Seattle) me tutoie, et enfin en octobre la cranberry me détoxifie. Ce qui est rare est cher : non seulement la cranberry fraîche n’est disponible que quelques mois dans l’année, mais en plus elle ne pousse essentiellement que sur le continent Nord Américain. Conclusion : chaque automne je fais des stocks et remplis mon congélateur de ces petits rubis qui se conservent très bien ainsi !

- Sur ce, je vous dis à très vite sur ce blog… en attendant je vais aller me préparer une tisane candy cane, car oui, moi qui suis un inconditionnelle du café 365 jours par an, je me mets aussi provisoirement à "l’eau chaude" chaque année à l’automne ! 

Rétrospective "Let’s fall for the Fall":
A Clockwork Orange (Stanley Kubrick, 1971) 
Halloween (John Carpenter, 1978) 
Legends of the Fall (Edward Zwick, 1994) 
October Sky (Joe Johnston, 1999) 
Sweet November (Pat O'Connor, 2001)
The Holiday (Nancy Meyers, 2006)